Caillé : Affrontements de modèles

Affrontements de modèles [1]

Philippe Caillé

Modèles

Le concept de modèle prend une place centrale dans la pensée scientifique contemporaine. La contribution que la nouvelle discipline qu’est l’information apporte dans de nombreux domaines y est sans doute pour beaucoup.

Par le jeu des analogies, des modèles développés pour rendre compte de phénomènes dans une branche de la science sont l’objet d’essais d’utilisation dans d’autres domaines que celui pour lequel ils ont été créé. On assiste à un échange de modèles entre biologistes, philosophes, physiciens et sociologues. Cette tendance souligne la prise de conscience du fait que le modèle, loin d’être, comme on avait pu le croire, une imitation grossière de l’objet observé, est au contraire l’instrument unique grâce auquel l’observateur prend contact avec le contexte et l’organise.

Nos perceptions ne prennent de sens qu’organisées dans la trame d’un modèle. Le sens qu’un individu donne à un phénomène peut nous paraître obscur si nous ne connaissons pas son modèle.

Nous comprenons aussi difficilement le désarroi de 10 millions d’Aztèques confrontés au débarquement de 500 Espagnols et de 16 chevaux. Il faut savoir que dans le modèle employé par l’Aztèque, l’arrivée d’étrangers barbus et d’animaux inconnus marque la fin de leur civilisation. Les atermoiements néfastes de Montezuma résultent de la façon dont il perçoit les données qui lui sont transmises, donc de son modèle.

Inversement, le modèle préexistant détermine ce que nous…

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