L’enfant, parent de ses parents Parentification et thérapie familiale par Jean-François Le Goff

A partir des travaux classiques en thérapie familiale, en particulier ceux d’Ivan Boszormenyi-Nagy, l’un des pionniers dans ce domaine, ce livre explore le processus de parentification. Une thérapie familiale, s’appuyant sur les ressources du contexte familial, peut être utile pour mettre en route un processus de reconnaissance de la parentification. En sortant du monologue pour construire un dialogue, l’enfant et ses parents trouveront de nouvelles possibilités de restaurer la confiance et de se réconcilier avec leur enfance ?

Introduction

L’auteur constate l’importance, dans les premiers instants de la thérapie, d’avancer dans le processus de reconnaissance de la parentification. Si un enfant ou plusieurs sont parentifiés, ils bénéficieront de ce travail thérapeutique. S’ils ne le sont pas, le thérapeute pourra passer à d’autres priorités. Ce type de pratique facilite la mise en place, dès les premiers contacts, d’un dialogue thérapeutique et d’un langage thérapeutique commun, car il s’agit d’un engagement dans des zones ou la souffrance et le désespoir sont particulièrement sensibles.

Définition et vue d’ensemble

La parentification de l’enfant peut se définir comme le processus interne à la vie familiale qui amène un enfant ou un adolescent à prendre des responsabilités plus importantes que ne le voudraient son âge et sa maturation dans un contexte socioculturel et historique précis et qui le conduisent à devenir un parent pour ses parents. C’est un processus impliquant toujours plusieurs générations qui plonge ses racines dans les générations des grands-parents et dont les conséquences peuvent toucher les générations à venir.

La parentification n’est jamais pathologique en soi. Dans de nombreuses circonstances, elle est tout à fait fonctionnelle et permet à l’enfant de s’identifier à une image du bon parent qu’il pourra devenir. S’il s’agit d’une expérience transitoire ou si la reconnaissance des parents vient en retour valoriser l’enfant, cela peut devenir un facteur de maturation tout à fait acceptable. L’enfant peut y gagner une légitimité constructive et apprendre à aborder des situations difficiles.

Par contre, si la parentification se construit sur une longue durée et, surtout, si elle n’est pas reconnue, elle peut devenir un véritable fardeau pour l’enfant qui n’a plus le temps de s’occuper de lui et de recevoir. En terme de « donner et recevoir », l’enfant donnera plus que ne le voudrait son âge, ses compétences, ses besoins et ses désirs. Il est alors envahi par la culpabilité de ne pas réussir à devenir le « bon parent » dont ses parents ont besoin et de ne pas rester le « bon enfant » qu’il aurait aimé être et dont les parents ont aussi besoin.

Il existe d’autres formes de relations pathogéniques comme la désignation d’un bouc émissaire, la réduction au silence ou le blâme qui peuvent exister indépendamment d’un processus de parentification.

La parentification ne concerne pas que la relation parents-enfants, elle peut également exister au sein d’un couple de façon plus ou moins équilibrée. Cette situation peut être bien vécue par les partenaires qui peuvent…

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