LA FAMILLE ADOLESCENTE Par Bouley,Chaltiel,Destal,Hefez,Romano, Rougeul

LA FAMILLE ADOLESCENTE

Éditions Érès Collection Relations

Conversations thérapeutiques

Qui sont les auteurs :

Jean-Clair BOULEY est psychiatre des hôpitaux, chef de service de psychiatrie infanto-juvénile à l’EPS de Ville Evrard.

Patrick CHALTIEL est psychiatre des hôpitaux, chef de service de psychiatrie générale à l’EPS de Ville Evrard.

Didier DESTAL est psychiatre des hôpitaux, chef de service de psychiatrie de l’adulte et de l’adolescent à l’EPS de Ville Evrard.

Serge HEFEZ est psychiatre des hôpitaux, responsable de l’unité de thérapie familiale à l’Hôpital de la Pitié Salpetrière, psychanalyste.

Elida ROMANO est psychologue clinicienne, responsable de l’unité de thérapie familiale du service de Didier DESTAL.

Françoise ROUGEUL est psychiatre, psychanalyste et professeur des Universités en psycho-pathologie.

Ils sont tous membres fondateurs de la S.F.T.F. (Société Française de Thérapie Familiale) et à l’origine de la revue « Générations »

Chap 1

D’ILOTS EN ILOTS CRÉER DU LIEN

1 - SYMPTOME ET PROBLEME

Quand la famille arrive en thérapie, dans les premières minutes de la rencontre avec le thérapeute, elle présente le problème qui la préoccupe.

Et c’est là la première difficulté : le problème, c’est le problème.

S’intéresser au symptôme est un bon moyen de contourner cette difficulté. Au cours de la phase initiale d’affiliation, recentrer les membres de la famille sur les symptômes est une bonne entrée en matière.
Par son ton et son attitude le thérapeute peut déjà signifier au patient-désigné « tu peux te débarrasser de ton symptôme ».
Mais il nous faut être bien attentif à traiter de ce symptôme sans le figer, sans l’amplifier, ce qui inéluctablement nous ramènerait au problème vécu par la famille de façon linéaire.

On peut réussir cette approche en refusant d’envisager le symptôme comme problème mais en tant que fenêtre sur les origines, les liens, les relations.

S’il n’est pas simple de remettre à leurs places et significations respectives symptôme et problème, il faut se garder de les opposer car en approche systémique ils n’appartiennent pas à un même niveau logique. On pourrait proposer l’hypothèse que le patient montre et agit un ou des symptômes, une ou plusieurs conduites symptomatiques ; la famille, elle, va parler d’un problème. Allant plus loin on dira que le problème est une définition linéaire, simplifiée et caricaturée des symptômes portés par chaque membre de la famille vivant une existence insatisfaisante.

Cette configuration initiale du problème présenté par la famille permet que les symptômes de chacun ne soient pas évoqués. C’est dans le processus de complexification au cours de la thérapie que les symptômes de chacun deviendront visibles.
Dès que chacun s’exprimera en son nom propre, il livrera ses symptômes, et l’on voit bien à ce stade de développement de la thérapie que leur symptôme n’a rien à voir avec le problème présenté initialement. On constate également que dès que l’exposition de chacun devient trop forte, interviennent des stratégies simples pour freiner cette exposition personnelle et se réfugier dans la demande de résolution du problème initial.

C’est pour cela qu’il est essentiel de ne pas accepter, même si bien sûr on l’écoute, la définition du problème à résoudre tel qu’il est présenté par la famille. Ce faisant on risquerait de s’enfermer dans une caricature, une condensation qui contiendrait et ferait taire les symptômes de chacun, dans une compression homéostatique très forte.
N’oublions pas que le symptôme est confondu avec la souffrance, ou plutôt que le symptôme est une modalité pour parler de sa souffrance.

On a tous remarqué la stéréotypie des symptômes. En cela, ils montrent bien qu’ils sont une pauvre couverture à la souffrance relationnelle qu’ils masquent, souffrance que l’organisation familiale ne permet pas d’exprimer, ou permet de ne pas exprimer.

Si on relie le symptôme au concept d’équifinalité et à celui de bifurcation, on voit bien comment qualité et originalité d’un symptôme n’ont rien à voir avec sa fonction.
Cette fonction consiste à replacer le système familial dans un état proche de sa situation d’équilibre ou encore à provoquer une variation d’équilibre qui permet soit d’emprunter une bifurcation soit au contraire de ne pas s’y engager par rétroaction négative.
En tout état de cause le symptôme peut se suffire d’être rudimentaire, c’est sa fonction archétypique qui est agissante parce qu’il demeure néanmoins une tentative de solution à un problème ; on peut aller jusqu’à dire que sur un plan systémique il n’y a pas de différence entre un alcoolique, un toxicomane ou une anorexique.

Dès lors, la réflexion peut être déclinée sur 3 niveaux :
  Le symptôme du patient désigné serait le 1er niveau
  Le problème que pose le symptôme serait le 2ème niveau
  Le 3ème niveau ce serait les…

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