La psychothérapie à l’épreuve des nouvelles familles Fossion, P., Rejas, M.-C. & Hirsch, S. (2008). Extrait de l’ouvrage La trans-parentalité : la psychothérapie à l’épreuve des nouvelles familles. L’Harmattan, Paris.

LA TRANS-PARENTALITÉ

A chaque société correspond une vision dominante de la famille, s’imposant comme prétendument universelle et visant à exclure les autres configurations possibles. Rien n’est donc plus relatif que le sens commun car, usant d’influences sociales, politiques, éthiques, psychologiques, médicales ou économiques, chaque société formate les familles à sa convenance. A la question « Quoi de plus naturel que la famille ? », il convient dès lors de substituer « Quoi de plus étatique que la famille ? » car cette dernière fait tout ce qu’elle peut pour s’adapter à ce que chaque culture lui fait subir.

La famille n’est pas une bulle de savon autopoïetique flottant librement au sein de la société car les interactions entre rapports sociaux et rapports de parenté sont constantes, même si la polarité de ces échanges reste un objet de controverses. En effet, pour Wilhelm Reich c’est la structure familiale prussienne qui a permis le développement de l’état autoritaire allemand. Inversement, pour Maurice Godelier, ce sont les rapports sociaux qui pénètrent constamment les rapports de parenté afin de les subordonner à leur reproduction. Pour lui, les règles sociales deviennent des règles parentales car « nulle part au monde les règles parentales ne constituent le fondement de la société ».

Les changements intervenus récemment dans la famille apparaissent en phase avec l’évolution générale de la société occidentale, société capitaliste privilégiant les initiatives et les intérêts individuels, et société démocratique rejetant (en principe) les formes despotiques de l’autorité publique mais aussi privée. Les nouvelles structures familiales importent dans la sphère intime les changements majeurs de la société contemporaine car, comme l’écrit le sociologue et philosophe Zygmunt Bauman, en ce début de 21ème siècle, la société occidentale a accompli son passage de la « modernité solide » à la « modernité liquide ».

Historiquement, la modernité solide correspond à la société capitaliste industrielle du XIXème siècle et de la première moitié du XXème. Durant cette période « on lia solidement entre eux des ateliers épars sous formes d’usines, on souda des archipels d’îles communautaires éparses sous forme de continents compacts d’Etats-Nations, on cimenta des dialectes, coutumes et modes de vie diffus et variés sous la forme d’une même nation disposant d’une langue, d’un projet et d’un gouvernement. Le monde de la modernité…

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