Seriès, Mainhagu, Bernard, Calanda : L’illusion alimentaire, quel avenir ? Comment comprendre les troubles du comportement alimentaire ? Seriès, C., Mainhagu, P., Bernard , M., & Calanda, A.-M. (2005-2006). Diététique et Médecine, 85-94.

L’illusion alimentaire, quel avenir ?

Comment comprendre les troubles du comportement alimentaire et la tyrannie du poids ?

DIÉTÉTIQUE ET MÉDECINE 2005-2006

Première partie : prise en charge hospitalière. Place des familles

Claire Seriès*, Pierre Mainhagu*, Mireille Bernard **, Anne-Marie Calanda*

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Résumé

Ce travail repose sur vingt ans d’expérience dans un service hospitalo-universitaire de médecine interne et sur une réflexion au sein d’un séminaire « Alimentation, religion, anorexie (SARA) ».

Nos soins auprès des anorexiques et des boulimiques s’inscrivent à la fois dans l’urgence et dans la durée et reposent sur la collaboration active de l’entourage. Nous présenterons notre travail en deux parties. Dans la première,nous décrivons les modalités des prises en charge dans le service, en insistant sur l’intérêt des entretiens familiaux.

Dans la seconde,publiée ultérieurement, nous proposerons en nous fondant sur les repas familiaux quotidiens, une recherche sur les différents aspects des comportements alimentaires : physiologique, familial,psychologique et religieux.

Nous soulevons l’hypothèse selon laquelle l’alimentation correspondrait, comme la religion selon Freud, au besoin d’illusion et de sens.

Nous menons aussi une réflexion sur notre rôle dans la prise en charge de ce type de malades et, d’une façon générale, sur la place de la Médecine Interne dans notre système de soins.

La Médecine Interne, née dans les pays germaniques à la fin du XIXesiècle est reconnue en France depuis une trentaine d’années. Elle s’est affirmée comme un rempart contre l’hyper spécialisation de la médecine en proposant de prendre en charge les malades dans leur globalité physique, et non pas organe par organe et, personnelle en tenant compte des facteurs psychologiques, familiaux, sociaux et professionnels. Elle s’est aussi préoccupée de maladies rares d ’ e x p ression complexe, multi-viscérale à forte conotation immunologique.

Aujourd’hui elle tend à se fragmenter en de multiples sous-spécialités centrées par des affections auto-immunes (collagénoses),infectieuses (SIDA), vasculaires et l’on peut s’interroger sur la place qu’il reste pour le malade « tout venant » confronté à des problèmes ne correspondant à aucune discipline précise ou ne relevant d’aucun des services à haute technicité dont nous disposons.

C’est le cas des anorexiques. C’est aussi celui des douloureux chroniques, des alcooliques, des déprimés et nous pensons que la Médecine Interne doit rester ce lieu d’accueil pour ceux que l’on peut appeler « les apatrides » de la médecine moderne.

Il ne faut pas non plus oublier que les maladies physiques bien identifiées n’excluent pas la possibilité de troubles de tous ordres et l’épidémie de…

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