Sluzki : FOYER POSSEDE PAR DES FANTOMES : CULTURE, IMMIGRATION ET CYCLE DEVELOPPEMENTAL AU SEIN D’UNE FAMILLE MAROCAINE ATTEINTE D’HALLUCINATIONS

La pratique clinique trans-culturelle exige du consultant un mélange actif de "savoir" et de "non-savoir" au sujet de la culture spécifique de la famille, traduisant une conscience des risques encourus à faire des généralisations culturelles au sujet de comportements qui s’avèrent en fait idiosyncrasiques, ainsi que vice-versa.

La discussion sur les manières dont le processus inévitable d’acculturation se manifestent dans les familles est illustrée par la transcription et la discussion d’une consultation réelle, effectuée en Belgique avec une famille d’immigrés marocains dont le fils refuse de garder les rôles mandatés par sa culture, dans un milieu social requérant des changements dans les convictions familiales, et des hallucinations multiples chez plusieurs membres de la famille qui compliquent encore davantage le problème.

La discussion souligne l’identité de la famille et le changement, et explicite le processus de traitement de l’information de l’intervenant lui-même ainsi que de la prise de décision à travers cette consultation autour de la culture.

Par Carlos E. Sluzki, M

Carlos E. Sluzki, MD (University of Buenos Aires, 1960), is currently Research Professor at the Institute for Conflict Analysis and Resolution, George Mason University, and Clinical Professor at the Department of Psychiatry and Behavioral Sciences, George Washington University Medical School.
Professor Sluzki is also the Editor of the American Journal of Orthopsychiatry. He has been Professor of Psychiatry at the Universities of Massachusetts and of California San Francisco. He has been the Chair of the Committee on Human Rights, the American Psychiatric Association, and is active in the fields of migration, refugees, violence and human rights

NDLR : Article originel en anglais. Traduction : Isabelle Neirynck

Référence:https://www.systemique.be/ecrire/?exec=article&id_article=36

Publié dans Family, Systems and Health, 2004

Les professionnels de la santé et de la santé mentale sont quotidiennement confrontés à l’interface complexe entre leurs (nos) croyances, postulats, valeurs, vues du monde personnelles et professionnelles et celles de leurs (nos) patients, individus, couples, familles. Cette interface devient particulièrement manifeste quant il y a un fossé entre leur statut et classe socioculturelle (i.e., leur "niche écologique") et les nôtres. Cela devient une source de malentendus innombrables lorsque nous ne le percevons pas....et tombons dedans, mais un défi quand nous en tenons compte. Ce texte offre une exploration de ce domaine (lacunes, tentatives et vicissitudes) ainsi que la transcription et la discussion d’une situation clinique où cet interface a joué un rôle essentiel.

Pour commencer, une approche théorique.

Dans le champ de la thérapie familiale, et celui des sciences socio-comportementales en général, la littérature professionnelle traitant explicitement des questions transculturelles (McGoldrick, Girodano & Pierce, 1996 ; McGoldrick, 1998 ; Falicov, 2000) montre une tension dynamique entre deux orientations, à savoir, la sensibilité culturelle et la spécificité culturelle.

 La première postule l’importance de conscientiser les thérapeutes quant à l’inévitable connotation culturelle des idées, perceptions et montages, tant dans notre organisation de la réalité que chez celles de nos patients. Par conséquent, les thérapeutes sont encouragés à développer a priori une saine attitude de "prudence culturelle", réfrénant ainsi les hypothèses ou conclusions trop rapides dans leurs interactions…

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