Transgressivité sexuelle et vulnérabilité psychique de certains adolescents, au risque de la stigmatisation. Hasevoets, Y.H. (2001). L’Évolution Psychiatrique, 66, 3, 399-420

Transgressivité sexuelle et vulnérabilité psychique de certains adolescents, au risque de la stigmatisation

Introduction : un syndrome actuel, quelques données chiffrées

L’adolescence comme problématique psychopathologique est de plus en plus décrite dans la littérature scientifique actuelle, les revues et ouvrages de psychologie, de criminologie ou d’éducation en particulier. Il y a moins de 20 ans, tout acte sexuel pratiqué par un adolescent était plutôt envisagé comme un geste d’exploration peu conséquent et banal à cet âge. Aujourd’hui aux Etats-Unis, alors que les adolescents (15-18 ans) ne constituent qu’environ 6% de la population, ils commettent 25% des crimes les plus violents (homicides, attaques à main armée, viol, etc.). D’après le nombre d’arrestations d’hommes de moins de 19 ans (Federal Bureau of Investigation, en 1987, cité par Elliott, 1994), 18% des crimes violents, 19% des viols, 18% de toutes les autres offenses sexuelles (excluant la prostitution) et 14% des voies de faits graves sont commis par des adolescents. Depuis ces dernières années, la proportion d’adolescents impliqués dans des agressions violentes et/ou sexuelles est en nette augmentation. De 1983 et 1992, 20% parmi ces jeunes ont été arrêtés pour viol (Office of Juvenile Justice and Delinquency Prevention, aux USA, cité par Elliott, 1994). Chez les jeunes sujets masculins, le comportement violent semble corrélé avec cette période spécifique de l’existence. Le risque d’initiation à la violence est probablement plus élevé autour des 15-16 ans pour ces garçons. Entre 30 et 50 % des agressions sexuelles seraient le fait d’adolescents (Elliott, 1994) Envisageant cette répétition des agressions à l’âge adulte, certains intervenants (Becker et al. 1986) y voient le résultat de quatre principaux facteurs :

  • l’expérience est répétée car elle avait été agréable ;
  • leur agression antérieure n’a pas entraîné de conséquence négative significative pour eux ;
  • en se masturbant et en fantasmant sur ce qu’ils ont fait, ils obtiennent un renforcement de leur déviance ;
  • le défaut d’habiletés sociales entraîne la persistance d’un certain isolement vis-à-vis des pairs.

Dans ce registre, l’attention se focalise actuellement sur des adolescents à problèmes multiples et sur des enfants prépubères qui apparaissent comme des handicapés psychosociaux ou encore comme des agresseurs (physiques ou sexuels) potentiels, voire de futurs « psychopathes pervers ». Les plus marginaux parmi ces adolescents sont représentés par ceux qui abusent sexuellement d’enfants plus jeunes. Ils apparaissent au regard de certains comme des « abuseurs sexuels » potentiels et/ou comparables aux délinquants sexuels adultes.

Médiatisation, dérives thérapeutiques, risque de stigmatisation et réalité
Dans la littérature, des faits-divers, aux magazines de psychologie, en passant par divers articles scientifiques, les journalistes et certains cliniciens (essentiellement nord-américains) décrivent de plus en plus souvent des adolescents, voire des enfants prépubères, susceptibles d’être ou de devenir des « abuseurs sexuels » au sens premier du terme. Suivant un schéma assez linéaire de cause à effet, et…

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