Gaillard : Institution et violence : une lecture systémique

Thérapie Familiale n°4 , 1999.

Jean-Paul Gaillard
2, rue de Bussy
F 21450 Baigneux les juifs
jpgaillard@aol.com

La violence dans l’institution est un phénomène particulièrement complexe, qui,si l’on peut parfois l’imputer à un individu ou à un petit groupe d’individus, ne se résume jamais à eux seuls. Une réflexion sur la violence dans l’institution implique qu’on s’interroge sur les différents niveaux de violence qui la composent.

De même, une volonté de régulation de la violence dans l’institution passe nécessairement par des remaniements à ces différents niveaux. Erwing Goffman, dans Asile, a remarquablement mis en évidence l’un de ces niveaux de la violence, en décrivant les rituels qui se déploient dans toute institution. L’analyse que je propose de la violence dans ses rapports à l’institution s’inscrit dans la suite des travaux de Goffman, en s’appuyant sur les acquis théoriques et pratiques en thérapie systémique. Je sais,pour l’avoir longuement expérimenté en compagnie d’équipes éducatives et soignantes, qu’elle peut ouvrir à des perspectives de réflexion-action élargies pour les professionnels œuvrant en institution 1.

I. Mythes et normes

Les ethnologues exotiques (Levi-Strauss1948-89, Mauss 1968, Griaule 1975), les ethnologues endotiques (Blanc 1987,Boissevain 1992, Bronberger 1995, Rivière1995), les théoriciens de la thérapie familiale (Ferreira 1966, Selvini 1978,Rougeul 1992, Neuburger 1995), ont produit un couple conceptuel dont je crois qu’il est d’une grande utilité pour qui veut comprendre les fonctionnements institutionnels. Il s’agit du couple Mythe-Norme, dont nous donnerons les définitions basiques suivantes :

Norme : ce qui doit être, ce qui correspond à l’usage général et au droit dans une société et une époque donnée ; c’est l’ensemble, le plus souvent écrit dans nos sociétés, des règles pour l’action qui émergent de tout groupe humain suffisamment stable. La norme joue un rôle déterminant dans les comportement mutuels et dans l’appréciation des comportements des autres (Exemple de norme : code civil et pénal, Annexes XXIV et XXV, code de la route, règlement intérieur d’un IME, etc.).

Mythe : récit à visée identitaire (il me raconte ce que je suis en me racontant ce que sont les miens), à visée opératoire (il me fait savoir comment je dois me comporter dans le même temps qu’il me fait savoir comment doivent se comporter les miens) et à visée explicative (il me raconte mon origine, ainsi que celle des miens), qui émerge de tout groupe humain suffisamment stable. Le mythe joue un rôle déterminant dans les comportement mutuels et dans l’appréciation des comportements des autres. (Exemple de mythe : le projet éducatif d’une équipe d’IME, le projet…

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