Gaillard : Un modèle général du fonctionnement du vivant : le modèle autopoïétique.

Un modèle général du fonctionnement du vivant : le modèle autopoïétique.

Cours de Jean-Paul Gaillard en L2 psychologie UdS 1999-2007
supprimé en 2008 (raison invoquée : "les étudiants n’ont pas besoin d’épistémologie !".)

l’autopoïèse

La doctrine réductionniste, dont nous avons abondamment parlé l’an dernier a, au fil des progrès techniques en analyse physico-chimique, fait dériver la biologie vers la biochimie et la biophysique, c’est-à-dire vers l’isolation progressive d’un infiniment petit dans le démontage des composants du vivant ; les remarquables progrès en biologie moléculaire et en génétique de premier niveau ont momentanément contribué à renforcer le réductionnisme ambiant.

Paradoxalement, cette extraordinaire connaissance des composants du vivant ne se montre pratiquement d’aucune utilité dans la réflexion sur les fonctionnements généraux du vivant-vivant.

Au début des années 1970, deux chercheurs en neurobiologie : Humberto Maturana [1] et Francisco Varela [2], ont déclenché une révolution scientifique en posant la question suivante :
« qu’est-ce qui spécifie le vivant ? »
La réponse Francisco Varela et Humberto Maturana, fut :
« ce qui spécifie le vivant est qu’il s’auto-produit. »

Il suffisait d’y penser ! Tous les systèmes vivants, du protozoaire à l’humain, s’auto-produisent et seuls les systèmes vivants s’auto-produisent. L’auto-production est donc spécifique du vivant, elle le spécifie.

Avec le concept d’auto-production (autopoïèse) nous avons une approximation forte de ce qui peut spécifier le vivant, très forte même, puisque le vivant ne la partage qu’avec le vivant.

A présent, passons en revue les concepts majeurs dont cette définition apparemment triviale a permis l’émergence.

La clôture opérationnelle

Aujourd’hui, les biologistes dans leur ensemble montrent un accord sur ceci que la diversification et la complexification du vivant n’ont pu initialement s’opérer qu’à partir de la production de la première membrane, c’est-à-dire de la première clôture d’un organisme sur lui même.
C’est la membrane qui définit l’unité, l’identité et l’autonomie d’un organisme. Ainsi peuvent proliférer et se diversifier les unicellulaires qui peuplent notre planète, puis les multicellulaires et les multi-organisationnels, les systèmes vivants que nous sommes.

Vous vous souvenez qu’en 1932, Walter Cannon [3] avait conçu un modèle des fonctionnements physiologiques du vivant, le modèle homéostatique, du grec : stasis (état, position) et homoios (égal, semblable à).

Vous vous rappelez aussi que Cannon propose une description des processus en jeu dans le maintien de la stabilité des processus physiologiques, qu’il énonce ainsi :
« les être vivants supérieurs constituent un système ouvert présentant de nombreuses relations avec l’environnement. Les modifications de l’environnement déclenchent des réactions dans le système ou l’affectent directement, aboutissant à des perturbations internes du système. De telles perturbations sont normalement maintenues dans des limites étroites parce que des ajustements automatiques, à l’intérieur du système, entrent en action et que de cette façon sont évitées des oscillations amples, les conditions internes étant maintenues à peu près constantes. »

Walter Cannon utilise, pour modéliser la régulation physiologique, un modèle physicaliste dont nous avons parlé l’an dernier : le modèle thermodynamique.

Trois précisions :

1. le terme « système », dans le modèle thermodynamique, ne correspond pas à la définition que nous en donnons à partir de la théorie générale des systèmes : un système thermodynamique est, par exemple, un solide strictement indéformable, un fluide incompressible ou un gaz parfait. Rien de commun, donc, avec la définition suivante :
Un système vivant est un ensemble d’éléments en interaction dynamique, organisé en fonction d’une finalité, à savoir produire et maintenir son organisation ; c’est…

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