Gregory Bateson par Jean-Claude Benoît Éditions Érès

Voici deux chapitres pour faire connaissance avec le contenu du livre.

CHAPITRE V

COMMUNICATION, PSYCHOTHERAPIE ET FAITS RELATIONNELS

Edité en 1951 à San Francisco par Jurgen Ruesch, et Bateson, voici donc Communication : The Social Matrix of Psychiatry. (Trad. française : Communication et société) ». Ce livre comporte deux parties, dont la seconde est entièrement de la main de Bateson et nous retiendra ici particulièrement.

Dans une deuxième partie, nous évoquons des textes de dialogue entre une fillette - disons Cathy - et son père, un savant. Ce sont les métalogues, néologisme créé par Bateson. Ces écrits épistémologiques personnels de 1948 à 1964 sont groupés en tête de Steps. L’humour se mêle là aux thèmes les plus sensibles de nos existences relationnelles.

Premiers contacts avec la psychiatrie américaine

Ruesch et Bateson partagent un intérêt commun pour le thème de la communication. Ils constatent combien celle-ci se dégrade lors de troubles mentaux. Ils vont utiliser l’expression de système relationnel en tant que référence face à la pathologie psychique et à ses échanges interpersonnels difficiles. Pour eux, il existe chez ces patients et avec leurs proches une difficulté particulière concernant la communication sur la communication, en particulier. Bateson nomme ce fait métacommunication et, sur ce point, il utilise les différences visibles entre les mœurs occidentales et les mœurs américaines.

Chaque individu d’une culture - et il en va ainsi dans « the american way of life » - s’aligne sur des comportements et des contextes relationnels partagés lors d’échanges au quotidien. Ces conduites sont gérées en réciprocité avec autrui. Elles sont fonction des traits psychiques personnels dominants : indépendance ou coopération, modération ou rigueur, comportements appropriés ou non. D’origine européenne, les auteurs constatent que les Américains acceptent assez aisément des compromis face aux changements qui leur sont imposés par l’évolution sociale. Le système relationnel américain se fonde sur des équilibres comportementaux en réciprocité qui facilitent un vécu collectif, en particulier familial.

Au sein des familles, l’autorité est partagée. Les décisions sont prises plutôt en commun, avec l’idée d’une coopération collective qui soit favorable tant aux parents qu’aux enfants. Les inévitables conflits sont traités selon le modèle : « acceptez que j’exprime mon désaccord devant vous ». Nos auteurs soulignent la nature pragmatique de ce modèle relationnel qui libère des initiatives personnelles clairement exprimées. Les jeunes américains acquièrent un mode de croissance équilibré et réciproque, grâce aux concessions faites de part et d’autre : « La dynamique familiale comporte ici une unité de tâches partagées, de rôles interchangeables, mouvant selon les circonstances et tous liés par un but commun. » Notons que ceci concerne aujourd’hui bien des groupes familiaux de notre continent européen : ce thème…

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