Neuburger : Couple et mensonge

Tout couple repose sur une forme de songe sinon de mensonge qui consiste, pour les partenaires, à croire à l’unicité de son existence, à sa spécificité. Au-delà de ce mensonge constitutif, il existe des secrets plus ou moins bien gardés, des mensonges par omission ou actifs dont la révélation peut attaquer le couple ou parfois paradoxalement renforcer son identité.
Il existe aussi des situations où l’on ne parlera plus de mensonge mais de désinformation puisqu’il s’agira de rendre l’autre aveugle à des faits qui pourtant sont visibles par tous. Cette situation est pathogène et induit des troubles variés dont des dépressions mais aussi parfois des délires.

Couple et mensonge

 [1].

ROBERT NEUBURGER [2]

Introduction : Songe et mensonge

Dirions nous que tout couple repose sur un mensonge... ou sur un songe ?
Si le songe, c’est se mentir à soi-même, alors le couple est un mensonge ! En effet la fondation d’un couple, le moment où une simple relation se transforme en couple repose sur la conviction partagée d’un destin particulier qui va unir deux êtres au sein de cette institution-couple.

Par dimension institutionnelle, nous n’entendons pas la reconnaissance dont peut bénéficier un couple, reconnaissance sociale ou religieuse par le biais du mariage, mais par cette institutionnalisation que va se donner le couple à lui-même en se faisant exister.

Le couple, c’est ce qui va faire tiers pour deux êtres, c’est essentiellement une invention, l’invention d’un destin qui les réunit, non seulement entre eux mais surtout en les introduisant à l’intérieur d’une cellule qui semble préexister, faite comme sur mesure pour eux : un couple c’est « mensonger » ensemble !

« En ce soir du Ritz, soir de destin, elle m’est apparue, noble parmi les ignobles apparues, redoutable de beauté, elle et moi et nul autre en la cohue des réussiseurs et des avides d’importances, mes pareils d’autrefois, nous deux seuls exilés, elle seule comme moi, et comme moi triste et méprisante et ne parlant à personne, seule amie d’elle-même, et au premier battement de ses paupières je l’ai connue. C’était elle, l’inattendue et l’attendue, aussitôt élue en ce soir de destin... ».

Albert Cohen dans…

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