Vannotti : L’EMPATHIE DANS LA RELATION DU MÉDECIN

L’empathie dans la relation médecin

Marco Vannotti [1].

« La présence appréhende toujours d’abord comme monde ce qu’elle est elle-même originairement » (Biswanger).

1. Introduction

Dans le travail d’implantation d’une pensée systémique en médecine, j’ai été amené à me pencher sur l’empathie dans la relation de soins. Parler d’empathie pose la question de la nature des relations interpersonnelles qu’un médecin établit avec son patient. Cette interrogation suscite une réflexion à plusieurs niveaux. Même si dans les propos qui vont suivre, il s’agira exclusivement de la relation duale qui se noue entre le médecin et son patient, ces considérations ont souvent été utiles dans ma pratique clinique de thérapeute de famille et dans mon activité de formation.

Dans le sens commun, l’empathie dans la relation de soin signifie une attitude générale et plutôt constante du médecin, caractérisée par une plus grande attention au malade, l’accent davantage mis sur le dévouement, le désir d’assumer des responsabilités, une certaine chaleur dans la relation, et une attitude d’écoute et de disponibilité. Les médecins désignés comme les plus empathiques semblent globalement plus altruistes et poursuivent moins de buts personnels -carrière, prestige -que les autres. Par ailleurs, une majorité de patients souhaitent une relation de type humain avec leur médecin (cf. Cosnier, 1994).

La relation interpersonnelle entre le médecin et son patient n’est qu’un cas particulier d’une relation intersubjective. L’intersubjectivité doit être considérée comme l’expérience qui se co-construit lorsque deux ou plusieurs personnes se rencontrent. Dans la relation entre deux sujets, une série d’ajustements se met en œuvre pour qu’ils puissent communiquer et se répondre l’un à l’autre. L’art et la poésie, dans les relations médicales, ouvrent la possibilité d’une expérience qui se vit dans le risque et l’épreuve, dans le vacillement et le dénuement dans l’accueil « de l’émerveillement ».

Bourrée

Littérature et philosophie aident à créer des modes de penser la relation intersubjective qui demeurent adéquats aux derniers progrès des sciences cognitives et sociales. L’on définit alors l’empathie comme l’une des voies permettant d’entrer en communication avec l’autre, de partager avec lui son propre vécu tout en entrant en« sympathie » avec le vécu de l’autre. Diverses recherches ont comme objet le domaine de l’intersubjectivité. Par souci de concision, nous évoquerons seulement ici les réflexions autour du rôle des émotions et leurs liens structuraux avec la cognition (cf. Damasio, 1994). Dans la pratique médicale, l’empathie désigne encore la capacité du médecin à travailler activement sur les émotions. C’est l’une des tâches les plus complexes de la consultation médicale. Les modalités d’ expression des émotions sont fort…

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