L’enfant au centre des mutations anthropologiques l’enfant peut-il encore grandir ?

La primauté donnée à l’individu s’est accomplie au profit des droits et libertés des personnes mais au détriment de l’autorité des institutions qui en étaient les garants.

Toutefois un effet pervers de la dynamique démocratique peut s’observer à travers le statut de l’enfant qui devient une « personne » à part entière, sujet de nouveaux droits, acteur de la société au même titre qu’un adulte. Dans ce contexte, comment l’enfant dont la parole est sacralisée, peut-il encore grandir ?

La consécration de l’enfant comme sujet de droit(s), serait la dernière étape de la « révolution des droits de l’homme » (Gauchet) et du processus d’individualisation et subjectivation qui culmine dans le postulat de liberté attribué à l’être humain dès sa naissance.

Ecouter les enfants est une nécessité, mais répondre positivement à leurs demandes ne risque-t-il pas de les projeter dans un monde angoissant de besoins sans limites ? Le risque alors est d’introduire prématurément l’enfant sur un marché dont profite le système consumériste de l’offre et de la demande indexé à la tyrannie des modes largement véhiculées par les réseaux sociaux.

L’essentialisation des individus est favorisée par de nouvelles directives européennes et internationales qui promeuvent la « société inclusive » fondée sur la reconnaissance des minorités sexuelles, religieuses et culturelles. Il s’agit d’un véritable modèle politique et non d’une nouvelle conception de la société civile.

Une politique des identités s’appuyant sur le principe d’autodétermination instaure un nouveau « despotisme démocratisé » (Dubreuil). L’autorité n’est plus exercée par les institutions mais entravée par des minorités militantes animées par le projet du changement radical de notre société dont l’enfant devient ainsi le paradigme.

Ce projet connaît aussi une mutation en se combinant aux avancées scientifiques de la bio-médecine, médecine elle-même réceptive à l’idéologie identitariste.

Cette médecine rend possible désormais de façonner un corps afin de le conformer à la demande de l’individu en fabriquant de nouveaux diagnostics à spectre large. « Dysphorie de genre » est un de ces diagnostics qui précipite actuellement de nombreux adolescents en détresse pubertaire (encore nommée « gender distress » par les anglo-saxons) et qualifiés d’« enfants trans ».

Avec de nouveaux mots inducteurs, par exemple le syntagme « identité de genre ressenti », il est licite de changer de sexe en invoquant la simple affirmation de son « ressenti ».

Dans cette perspective, il devient légitime pour un enfant, au même titre que l’adulte, de pouvoir choisir son identité de genre qu’aucune instance ne saurait lui imposer, ni le droit, ni la médecine, ni les parents, ni la société. Les seuls ressentis suffiraient à se déterminer pour telle ou telle identité.

Alors que certains estiment que la « libération de la parole » aurait favorisé l’augmentation considérable du nombre de jeunes qui soutiennent ne pas appartenir au sexe "assigné" à la naissance, d’autres, au contraire, interrogent la manière dont les adultes - notamment des professionnels – accueillent et interprètent la parole de l’enfant. Sur les réseaux sociaux, les jeunes trouvent des « solutions » à leur malaise et le mode d’emploi pour imposer ces solutions à leur entourage.

La conjonction et articulation « sujet de droit(s) » et sujet de désir(s) » dans ce nouveau statut de l’enfant contemporain a des conséquences que nous voudrions explorer afin de déterminer si de nouvelles idéologies (médicales, éducatives, sociales, culturelles, etc.) ne seraient pas en train de façonner un enfant à l’image de ce nouveau projet de société ?

Avons-nous affaire à une chimère fruit de la culture démocratique, de la médicalisation de la crise pubertaire et de l’hyper-connexion numérique installée dès le plus jeune âge ?

Ce colloque traitera de ces mutations anthropologiques dont « l’enfant-transgenre » est un des symptômes.

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