Pauzé, Couture, Lavoie, Pesant, Beauregard, Mailloux, Mercier : L’intervention auprès du réseau d’amies et d’amis des adolescentes anorexiques

Robert Pauzé, Jacinthe Couture, Éric Lavoie, Caroline Pesant3, Carmen Beauregard, Stéphanie Mailloux4 & Marie Mercier

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1. Les difficultés de socialisation comme facteur de risque et de maintien des conduites anorexiques

La relation entre le processus d’insertion sociale et l’émergence ou la présence d’une anorexie mentale chez les adolescentes a été étudiée par différents cliniciens et chercheurs dans ce domaine (Bruch, 1979 ; Bulik, 2002 ; Davies, 2004 ; Flament et al., 2001 ; Jackson et al., 2001 ; Lacharité, 1991 ; Mangweth et al., 2005 ; Nilsson & Hägglöf, 2006 ; Pauzé & Charbouillot, 2001 ; Tiller et al., 1997).

Des adolescentes mal préparées à vivre le passage vers l’adolescence

Certains auteurs ont particulièrement porté leur attention sur les difficultés de bon nombre d’adolescentes anorexiques à vivre le passage vers l’adolescence et à s’insérer dans un groupe d’amies et d’amis (Bruch, 1979 ; Pauzé et al., 2001). La vulnérabilité de ces jeunes filles à s’insérer socialement serait attribuable au fait qu’elles proviennent souvent de familles caractérisées par l’enchevêtrement et une forte cohésion (Minuchin, 1998 ; Strober et al., 1985, dans Bulik, 2002) dans lesquelles les parents sont souvent surprotecteurs, ce qui a pour effet de retarder le développement de leur autonomie (Minuchin, 1998 ; Prégent, dans Pauzé, 2001). En outre, il est reconnu que les jeunes filles anorexiques présentent généralement une faible estime d’elles-mêmes (Bruch, 1979 ; Fairburn & Harrison, 2003 ; Pauzé et al., 2001 ; Steiner et al., 2003). Elles ont le sentiment d’être incompétentes et inefficaces dans leurs performances personnelles et sociales, elles ne sont pas capables de prendre des décisions, de faire confiance à leurs propres expériences (Bruch, 1979 ; Pauzé et al., 2001) et elles se sentent inférieures aux autres (Garner & Garfinkel, 1985). Ces jeunes filles auraient souvent la crainte de ne pas être capable de se faire d’amis ou de ne pas être à la hauteur, puisqu’elles considèrent qu’elles n’ont pas le physique adéquat (Bruch, 1979). Aussi, elles ne semblent pas convaincues de leur propre valeur ; pour compenser, elles chercheraient à correspondre à l’image parfaite ou tout simplement à éviter le contact avec les personnes extérieures (Bruch, 1979). Cette crainte serait d’ailleurs une source de motivation importante dans la décision…

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